08/12/2015

Trois petites leçons vitales en ces temps désespérants

Malek Boukerchi est un personnage aussi étonnant que, pourrait-on dire, "émerveillant".
Il vient de publier un petit bouquin précieux à lire en famille.


Je vous restitue trois petits textes inspirés par ses récits, eux-mêmes extraits par ses soins du patrimoine des conteurs du monde entier.
Je vous les sers ici, librement recuisinés à ma sauce, pour nous serrer les coudes.


Vous connaissez peut être la fable amérindienne des deux loups, pour parler de notre combat intérieur.
Le deuxième conte s'adresse à chacun d'entre nous, pour un meilleur usage de nos points forts.
Le troisième c'est juste dommage que tous les chefs divers et variés de la planète ne l'aient pas lu quand ils étaient petits..

Bonne lecture !

15/11/2015

L'intégration, cet effort réciproque qui reste à accomplir (faut-il retourner à l'école?)


Le jeudi 12 novembre au matin, dans le cadre de mon activité professionnelle, j'ai rencontré des représentants de l'Etat qui promouvaient la charte "Entreprises et Quartiers" afin d'impliquer des entreprises volontaires dans des actions de développement économique de quartiers défavorisés.
Au delà de cette louable ambition, on a rapidement pointé du doigt la question de "l'intégration".
Car si on n'effectue aucune discrimination dans le recrutement, sociologiquement, les candidatures que l'on reçoit semblent déjà filtrées. On n'a peu de candidatures émanant de quartiers sensibles.

01/08/2015

Courte aisselle

Alors voilà. Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle.
La bonne nouvelle, c'est que les mecs vont comprendre ce que vivent les filles à cause de leurs poils.
La mauvaise nouvelle, c'est que le marketing de la honte vient de franchir un nouveau palier, et si cette publicité aussi caricaturale qu'odieuse ne nous fait pas réagir, il y a de quoi s'inquiéter pour la santé mentale de nos adolescents quand il s'agira pour eux d'accepter leur corps.


08/02/2015

Douce France

Douce France..
Pays de paix et d'harmonie..

Comme une Une des Echos..
Le poids des mots, le choc des photos.
Comme une odeur d'années 70...

Heureusement HSBC vient mettre un peu de nouveauté dans ce paysage..



28/12/2014

Chacun son mur...

Ceux qui aujourd'hui encore s'étranglent de l'existence du "mur des cons" dans un syndicat de magistrats ne semblent pas avoir eu la même indignation face aux  "murs" facebook officieux de membres des forces de l'ordre.
Pourtant les débordements étaient tout aussi graves, et tout aussi inquiétants, si ce n'est plus.
Cette asymétrie n'est sans doute pas anodine.

L'intuition nous laisse imaginer un clivage sociétal entre ceux qui dénoncent le manque d'impartialité de la justice, et qui dénoncent le manque d'impartialité de la police. Entre ceux qui ont peur des juges, et ceux qui ont peur des policiers. Entre ceux à que l'on suspecte de délinquance en col blanc, et et ceux de délinquance à capuche.

Aujourd'hui, si la polémique s'amorce autour de l'affaire de Joué lès Tours, c'est que le terrain est fécond pour qu'elle germe.

On mesure chaque jour combien la confiance est précieuse, en mesurant le coût de la défiance qui règne dans la société française, écartelée par les inégalités matérielles, culturelles et sociales. Une société où deux visions de la justice s'opposent de manière frontale, en se fracassant sur le mur d'en face....

15/12/2014

Attrape-bobos

Noël approche, et comme chaque année, chaque citoyen responsable vit un véritable calvaire quand il doit endosser son habit de père de noël, car il sait qu'en voulant faire le bien d'un enfant, il fera du mal au futur adulte que cet enfant deviendra.
Mais c'est ainsi, tant pis pour la planète, tant pis pour les populations, ça a beau être une goutte d'eau dans l'océan, impossible d'en détourner le cours. Trop dur de lutter contre le courant. Rien ne résiste à la pression de conformité.
Bref, on ne veut pas que nos enfants soient privés de cadeau à Noël pour le seul motif d'avoir des parents bobos.
Alors on s'écrase.
Noël approche et il va nous falloir pactiser avec le diable.
Alors la liste de Noël dans les mains, on va se résigner à s'approvisionner au mieux.


Chez JoueClub on va se dire : tiens cool, le retour en grâce des jouets en bois, sans pile !
On va se jeter dessus avec un soulagement qui n'est pas sans rappeler la joie du végétarien au moment où Buffalo Grill lui apporte une salade de bienvenue.
On cajolera sa conscience devant toutes les belles intentions affichées sur l'emballage : des produits "nobles en bois, sélectionnés par nos experts"...




Après une deuxième lecture plus attentive, on va un peu déchanter en constatant que ceux que JouéClub appelle "experts" sont des gens qui s'assurent qu'ils vendent des jouets tout ce qu'il y a de plus normaux: des jouets avec lesquels l'enfant pourra jouer et grandir. Incroyable !



Enfin on sera beaucoup plus apaisé en constatant que ouf, on reste dans un schéma tout à fait classique : jouet fabriqué en Chine, on ne sait pas trop par qui ni comment.
Une valeur sûre donc.



Voilà, ça a bien marché, l'attrape-bobos a parfaitement fonctionné. Un peu de wood-washing, et hop, on a mordu au green-phishing.

Un grand merci donc à JoueClub pour l'innovation dont ils font preuve, avec leur concept de "proximité" (oui, la proximité ça veut dire que le magasin est situé en centre-ville, et que les usines sont de moins en moins en Chine pour pouvoir commander tout au dernier moment).
Un beau progrès de civilisation assurément.

En bonus, un extrait de l'interview de Alain Bourgeois-Muller, PDG de JouéClub publiée sur http://www.observatoiredelafranchise.fr/


Vous importez vos jouets du monde entier, mais vous privilégiez les articles européens. Pour quelles raisons ?

Nous avons en effet choisi cette année de mettre l’accent sur les produits fabriqués en France dont une sélection figurera sur la quatrième de couverture de notre catalogue. Se fournir auprès de groupes européens  nous permet d’être bien plus réactifs dans notre réassort, par rapport aux jouets importés d’Asie, et cela est primordial quand on sait que l’an dernier, les clients ont attendu la dernière quinzaine avant les fêtes pour faire leurs courses de Noël. (source)

25/11/2014

Le privilège de l'irresponsabilité

Sur Babordages j'ai apprécié la finesse de ce billet : il met en lumière les petites distorsions sémantiques qu'on ne remarque même plus, mais qui provoquent de drôles de déformations dans notre représentation du monde. 
Le cas étudié est celui de "la bourse", qu'on finit par assimiler à un être vivant pourvu de raison.
Sans chercher trop longtemps, on pourrait étendre cette étude à d'autres cas tout aussi parlants.
Le procédé de personnification se retrouve ailleurs: le marché, l'opinion, l'Europe... autant de créatures imaginaires qu'on fait vivre pour notre petit confort intellectuel, comme d'autres en leur temps s'étaient construit une mythologie pittoresque.

Ces concepts ont un point commun : ce sont des "systèmes" et on leur attribue des comportements propres, indépendants des individus qui les constituent.
Ces comportements, présumés rationnels, prévisibles, guidés par l'appât du gain et la recherche de l'intérêt individuel, auraient pour effet de rendre l'ensemble également prédictible et rationnel.
A partir de là, on pourrait s'appuyer dessus, se laisser porter, sans réfléchir.
L'intérêt général se désignerait de lui-même.

C'est alléchant. Cette hypothèse a la particularité d'être très déresponsabilisante pour les individus. Quel que soit leur potentiel et leur pouvoir économique. D'où son succès sans doute.
Contentez-vous d'essayer de vous enrichir, la main invisible du marché s'occupe du reste, nous disait Friedman, avant d'être repris en choeur par tous les économistes libéraux, puis par tous les affairistes tout heureux d'être allégés d'une lourde responsabilité sociétale.

Ils ont du mal à le reconnaître, mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. Les inégalités se creusent et ce serait une bonne chose. Le ruissellement vers le bas n'est pas au rendez-vous, il semble même inversé: ce serait parce qu'on ne serait encore pas allé assez loin dans la libéralisation...
Seuls quelques dirigeants marginaux osent rapprocher les mots entreprises et responsabilités. La "RSE" germe dans certaines entreprises, sans qu'on sache si ça les fera muter ou si cela ne constituera qu'un léger ravalement de façade. Pour le reste, on s'agrippe encore à notre irresponsabilité.

L'irresponsabilité des puissants, c'est la base de leurs privilèges. Ces privilèges qui se perpétuent dans la démocratie de marché, et qui expliquent le piètre état du monde aujourd'hui.

Je m'explique : dans toute organisation mâture, pouvoir et responsabilité doivent aller de pair.
Faire porter à quelqu'un une responsabilité sans lui confier le pouvoir de l'assumer, c'est le condamner à la culpabilité car il ne peut aller qu'à l'échec.
Confier à d'autres le pouvoir sans leur imposer de responsabilité, c'est leur accorder un privilège destructeur. Le privilège de pouvoir jouir d'une liberté supérieure, de bénéficier de droits exceptionnels sans contrepartie, des droits sans devoirs. Le privilège de pouvoir plus que quiconque façonner le monde, sans avoir l'obligation de réparer les dégâts qu'ils peuvent causer à leur environnement.

La démocratie de marché, c'est cela. La responsabilité incombe au peuple, tandis que le pouvoir (financier, économique, politique) est détenu par une minorité qui n'est responsable que de sa survie et du maintien de sa suprématie économique. L'élite dispose du privilège du pouvoir à responsabilité très limitée, le peuple est paralysé par la culpabilité de l'état du monde, consécutive à sa responsabilité à pouvoir très limité.

Bien sûr je ne parle même pas du pouvoir "politique", celui de nos fameux "représentants élus", qui semblent plutôt être là désormais pour animer et faire diversion, pour donner un coup de pouce au maintien de l'édifice.
En nous expliquant que "la bourse", "l'Europe", "les marchés", "l'opinion", etc, etc..
C'est ainsi que l'édifice tient depuis des décennies.

Mais se fissure.

La question de la responsabilité est pour moi l'enjeu majeur du monde de demain.
Que la révolution se fasse dans les entreprises, dans le fonctionnement économique du monde, ou bien dans ses institutions gouvernementales, au travers de mouvements politiques, peu importe. L'important est qu'on y arrive. Faire évoluer les organisations sociales qui permettent l'implication individuelle tout en permettant d'assumer correctement leur responsabilité collective est à la fois une nécessité vitale, et une avancée sociale prometteuse.