05/10/2013

Cachez cette grossesse que je ne saurais voir..

C'est une vieille pochette qui a l'âge de mes enfants.
De celles que maman se voit généreusement offrir après l'accouchement. Une mallette rose en carton, remplie à ras bord, qui vient finir de vous encombrer quand il faut rentrer à la maison, avec notre nouveau descendant qui a à cœur d'exploiter sa seule faculté physique déjà opérationnelle (ses cordes vocales).





Cette mallette, on ne l'ouvrira que plus tard, si bébé vous laisse tranquille. 
La société de consommation n'attend que ça, que vous ouvriez cette pochette, pour vous ramener à elle.
Elle vous guette, en usant de toutes les techniques de manipulation connue.

Heureusement chez nous, cette boite de Pandore n'a jamais été ouverte... Jusqu'à il y a peu, lors d'une session de ménage pour la déchetterie. 

Vu son excellent état de conservation, et ma grande discipline vis à vis de l'impératif du tri sélectif, je me suis permis d'en faire l'autopsie. La dissection fut instructive : tentation, injonctions contradictoires, identification et.. culpabilisation... Tout est bon pour accélérer le rééducation de la jeune maman en matière de sollicitation du portefeuille. Et dans ce domaine, les revues de la presse dite "féminine" constituent un condensé de ce qu'on peut avoir de plus spectaculaire, comme le souligne parodiquement le nouveau site  ou, de façon plus involontaire, ce genre de portails.





Comme prévu le tri sélectif a montré qu'il n'y avait rien à garder, et que des saloperies à recycler.

Si, juste ces quelques clichés édifiants, pour mon blog. Ces photos seront parfaites pour appuyer la pensée lumineuse de Nancy Huston.

Extrait :

 Dans "Démons quotidiens", votre dernier ouvrage, vous évoquez beaucoup le regard que les hommes portent sur les femmes…
N.H. : Oui. Et mon prochain livre porte entièrement sur ce sujet. Je pars du constat que les hommes sont programmés génétiquement pour réagir à la vue de belles jeunes femmes, et que l’inverse est moins vrai. J’essaie de comprendre ce qui se passe au XXe siècle, lorsque les femmes deviennent à la fois plus sujets – à travers les luttes féministes – et plus objets – à cause de l’invention de la photographie et surtout du cinéma.
À un point inquiétant, nous avons « introjecté » le regard masculin, et aujourd’hui, chaque femme occidentale a un homme en elle, souvent bien plus méchant que la plupart des hommes « réels ». Il est le juge impitoyable qui nous critique quand nous nous observons devant la glace. Pourquoi ce surmoi imaginaire est-il si dur ? Je ne sais pas, mais je constate sa présence chez beaucoup de femmes… C’est fou le temps que nous consacrons à perdre du poids, à nous habiller, à nous maquiller, à nous « entretenir ».
Les femmes seraient-elles plus enchaînées que libérées ? N.H. : C’est un paradoxe. Plus elles sont autonomes et indépendantes, plus elles deviennent « objets ». À partir du moment où elles entrent dans le monde du travail, où elles deviennent indépendantes économiquement et personnellement, leurs dépenses en chirurgie esthétique, en produits cosmétiques explosent. Nos sociétés occidentales produisent des images aliénantes. Il y a d’un côté le discours de l’industrie de la mode, de la beauté, qui véhicule une version glacée, squelettique, figée de la féminité ; et de l’autre, celui de la pornographie, qui présente une version ronde, accueillante. Ces deux versions – aussi peu maternelles l’une que l’autre – sont reproduites par nos médias et se vendent à des millions d’exemplaires… Comment osons-nous proclamer face aux femmes qui portent le voile : « Nous sommes libres et elles sont opprimées ! »? C’est hilarant et aberrant.
L’image de la mère ne serait plus valorisée ? N.H. : Cela fait cinquante ans – depuis la maîtrise de la fécondité – que nous nous sommes déclarées indépendantes de ce qui, pendant quatre millions d’années, a constitué le sens de notre vie : la maternité. Et les femmes ont aujourd’hui le choix entre deux images : la mannequin et la putain. La maman a disparu de l’iconographie : elle n’est plus présente dans le cinéma, ni dans la peinture, ni dans la photographie. Les Françaises font des enfants, certes, mais comme des lettres à la poste. Sommées par le discours féministe ambiant, «universaliste», de n’avoir plus rien qui les distingue des hommes, elles s’acharnent à retrouver leur «ligne» tout de suite après l’accouchement, reprennent le travail « comme si de rien n’était », effacent l’événement. La maternité n’est plus une phase de la vie.

Forcément, quand on tombe sur les clichés qui suivent, les propos de Nancy Huston ne peuvent que résonner.  Effacer au plus vite les traces de la grossesse, se couvrir la peau d'onéreux artifices chimiques en parlant de beauté naturelle (!), comme si on invitait la maman à se défaire au plus vite d'un handicap physique, n'est-ce pas l'objectif commun de deux populations aux visions pourtant divergentes? Je parle des mâles qui préfèrent les femmes en objet de convoitises sexuelles, et d'un courant féministe mal à l'aise avec le fardeau sexiste de la nature, la gestation, exclusivement porté par les femmes, qui nous rappelle nos origines de mammifères vivipares qu'on préférerait ne plus voir.. Entre les deux, la jeune maman, docile, se fait toute petite, discrète...  












Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

N'hésitez pas à m'enrichir de votre point de vue, surtout s'il est différent !